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Phytohormones, les plantes du système hormonal féminin.

Introduction


Jordania Lugiery, herboriste et spécialiste en santé naturelle et féminine.
Jordania Lugiery, herboriste et spécialiste en santé naturelle et féminine.

L'utilisation des plantes médicinales pour soutenir le système reproducteur féminin remonte au moins à l'Antiquité et probablement même avant cette période.


Celles-ci sont encore couramment employées pour favoriser la fertilité, réguler les cycles menstruels ou atténuer les symptômes de la ménopause.


Aujourd’hui, la science commence à confirmer ce que les traditions ont toujours affirmé : nombre de ces plantes contiennent des composés actifs capables d’influencer les hormones féminines et d’avoir un impact direct sur le bien-être des femmes.


Cependant, ces recherches se heurtent encore à une vision patriarcale du corps féminin, où les fluctuations hormonales sont souvent perçues comme des phénomènes à contrôler plutôt qu’à accompagner. Ce biais influence la manière dont la médecine moderne aborde la santé hormonale et, par extension, l’usage des plantes dans ce domaine.


Sommaire


Cachez ces hormones que je ne saurais voir ! Les biais de l’approche scientifique


Avant d’entrer dans le vif du sujet, prenons un moment pour explorer l’aspect philosophique des plantes dites "hormone-like" et la manière dont elles sont étudiées scientifiquement.


Il est fréquent de lire que les études scientifiques sur les plantes utilisées traditionnellement pour accompagner les différentes phases de la santé féminine donnent des résultats mitigés.


Or, ce raisonnement est dans une certaine mesure biaisé.


Les plantes médicinales en vente libre ne sont pas des médicaments aux molécules isolées et aux effets directs et puissants. Ce ne sont pas non plus des plantes qui contiennent des substances à l’action immédiate et à risque d’intoxication élevé, comme la digitale (Digitalis purpurea), le pavot (Papaver somniferum) ou le cannabis (Cannabis sativa).


Ces plantes agissent subtilement et favorisent un équilibre global en stimulant les fonctions naturelles du corps, plutôt que par un effet de substitution.


Cette approche prend tout son sens lorsqu’il s’agit d'accompagner les menstruations ou la ménopause, qui ne sont pas des maladies mais des processus physiologiques normaux.


Les plantes médicinales ne sont ni miraculeuses ni anodines. Comme souvent dans la nature, leur action est progressive et permet d’accompagner en douceur les fluctuations hormonales sans pour autant les masquer.


Pourtant, dans notre société, ces fluctuations qui sont naturelles sont souvent perçus comme problématiques et donc pathologiques. Et comme pour toute pathologie, on cherche à mettre en place un protocole pour « éliminer le problème ».


Dans cette logique, il n’est pas surprenant que les plantes médicinales soient si rarement envisagées comme outils complémentaires pertinents par la médecine moderne.


Un corps à "corriger" plutôt qu’à comprendre ?

De nombreuses femmes menstruées se voient prescrire la pilule en continu pour "faciliter" leurs cycles. La ménopause est médicalisée à coups de traitements hormonaux substitutifs.


Cette approche est-elle toujours nécessaire ? Pas vraiment.


Cette surmédicalisation pose une question fondamentale : pourquoi cherche-t-on systématiquement à réguler des phénomènes naturels touchant 52 % de l’humanité ?


Je n’ai pas la réponse absolue, mais le modèle de société productiviste conçu autour du corps masculin semble être un facteur majeur du problème.


Bien sûr, il existe des situations où un soutien médicamenteux est indispensable, notamment en cas de pathologies hormono-dépendantes. Mais bien souvent, ces traitements sont prescrits par défaut, sans que les femmes soient réellement informées du fonctionnement de leur propre biologie ni de l’impact que la nutrition et le mode de vie peuvent avoir sur leur équilibre hormonal.




La biologie féminine


La biologie féminine se caractérise par la présence de deux hormones sexuelles dominantes : les œstrogènes et la progestérone.


Leur équilibre, appelé balance œstro-progestative, fluctue au fil du cycle menstruel et des différentes étapes de la vie.

C’est principalement cette balance qui régule les grandes phases hormonales et, en cas de déséquilibre, qui peut être à l’origine de divers troubles.


En début et milieu de cycle, les niveaux d’œstrogènes augmentent progressivement, tandis qu’en seconde partie de cycle, la progestérone prend le relais. Pendant la grossesse, ces deux hormones sont produites en grande quantité, puis leur taux chute drastiquement à la ménopause.


D’autres hormones, comme les androgènes, la prolactine, l’insuline, le cortisol ou encore les hormones thyroïdiennes, jouent également un rôle essentiel dans l’équilibre hormonal féminin. Cette complexité a longtemps conduit la recherche scientifique à privilégier l’étude du corps masculin, qui a été jugé plus "simple" et donc érigé en norme.


C’est aussi peut-être aussi ce qui explique l’efficacité des plantes médicinales dans l’accompagnement de la santé féminine : elles interviennent en douceur mais sur de nombreux facteurs biologiques différents et complexe.


Les plantes du système hormonal féminin : régulation et équilibre hormonal


On distingue 2 grandes catégories de phytohormones, les plantes qui influencent le système hormonal féminin :

  1. Celles qui imitent ou modulent les œstrogènes.

  2. Celles qui influencent la progestérone


Recommandation et contre-indications Bien que ces plantes puissent être bénéfiques, leur usage doit être encadré, en particulier pour les personnes souffrant de pathologies hormonodépendantes (cancers hormono-sensibles, endométriose) ou suivant une contraception hormonale. Elles sont strictement interdite durant la grossesse, car nombre d’entre elles sont abortives et peuvent donc provoquer des fausses couches. Par ailleurs, des conditions comme l’endométriose, le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK), les fibromes ou les cancers hormonodépendants nécessitent une prise en charge plus spécifique qu’un simple article ne saurait couvrir. Il est donc essentiel de consulter un·e herboriste ou un·e professionnel·le de santé qualifié·e afin d’obtenir des recommandations adaptées à votre situation.

Les plantes contenant des phyto-œstrogènes


Ces plantes renferment des composés capables d’interagir avec les récepteurs œstrogéniques du corps humain. Leur action varie selon la plante et le type de phyto-œstrogènes qu’elle contient.


Une crainte récurrente concerne leur effet sur la santé, notamment en raison du lien entre un excès d'œstrogènes et certaines pathologies (cancers hormonodépendants, endométriose, fibromes, etc.).


Pourtant, en l'absence de maladie déjà installée, les phyto-œstrogènes semblent avant tout avoir un effet modulateur : ils peuvent renforcer l’activité œstrogénique lorsque celle-ci est insuffisante, comme à la ménopause, ou la tempérer en occupant les récepteurs œstrogéniques et en réduisant l’effet des xéno-œstrogènes (perturbateurs endocriniens d'origine chimique, qui se fixent sur les récepteurs des œstrogènes).


C’est d'ailleurs principalement l’exposition aux xéno-œstrogènes, ces substances chimiques omniprésentes dans notre environnement (plastiques, pesticides, cosmétiques, etc.), qui pose un réel problème. Plus puissants que les phyto-œstrogènes, ils sont reconnus comme des facteurs aggravants de cancers, de troubles endocriniens et de la baisse de fertilité. Pourtant, leur régulation reste minime, en grande partie à cause des pressions exercées sur le monde politique par les industries à l'origine de ces molécules.


En revanche, en présence d’une pathologie œstrogéno-dépendante avérée, il est recommandé d'éviter une consommation régulière de plantes riches en phyto-œstrogènes, notamment sous forme concentrée (extraits, compléments). Une consommation ponctuelle via l’alimentation ne pose généralement pas de problème.


Salvia officinalis
Salvia officinalis

Parmi ces plantes contenant des phyto-œstrogènes, les plus courantes dans nos contrées et nos commerces sont :

  • La Sauge (Salvia officinalis) : Elle est riche en phyto-œstrogènes, les triterpènes, qui stimulent les récepteurs œstrogéniques.

  • Le Houblon (Humulus lupulus) : Riche en 8-prénylnaringénine (8-PN), l’un des phyto-œstrogènes les plus puissants identifiés..

  • Le Soja (Glycine max) : Ses isoflavones, principalement la génistéine et la daidzéine, agissent sur les récepteurs œstrogéniques.

  • Les Graines de lin (Linum usitatissimum) : Leurs lignanes, converties en entérolignanes par le microbiote intestinal, possèdent un effet modulateur sur le métabolisme des œstrogènes.

  • Le Fenouil (Foeniculum vulgare), l’Anis étoilé (Illicium verum) ou encore l’anis vert, qui contiennent de l’anéthol, une molécule aromatique œstrogéno-mimétique.


Quand les utiliser ?


Les phyto-œstrogènes influencent la régularité et la durée des cycles menstruels (pmc.ncbi.nlm.nih.gov).


Leur effet est particulièrement intéressant pour contribuer à réguler des cycles anormalement longs, comme ceux observés dans le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK), phénomène en partie lié à un excès d’androgènes ainsi qu’à une résistance à l’insuline.


La sauge, qui a des propriétés antispasmodiques, anti-inflammatoires et anti-stress montre des résultats très intéressant concernant le syndrome prémenstruel et la régulation des cycles menstruels.


Les phyto-oestrogènes et la ménopause :

L’impact des phyto-œstrogènes est encore plus significatif en période de péri et de pré-ménopause, lorsque la baisse des œstrogènes endogènes entraîne des symptômes comme les bouffées de chaleur, les sueurs nocturnes et la sécheresse vaginale.


La sauge et les isoflavones de soja sont traditionnellement employés pour réduire les bouffées de chaleur et les sueurs nocturnes.


Les cônes de houblon contiennent de puissants phyto-œstrogènes, notamment la hopéine, dont les effets sur les troubles de la ménopause sont démontrés. Par ailleurs, le houblon, qui appartient à la même famille que le Cannabis (les cannabaceae), a des propriétés sédatives et hypnotiques, améliorant ainsi la qualité du sommeil, souvent perturbée par les fluctuations hormonales .


Quant aux graines de lin, en plus de leur propriété œstrogéno-mimétique, elles améliorent le transit et sont une excellente source d’oméga-3. Pour en tirer pleinement parti, il est conseillé de les moudre juste avant leur consommation.


Les phyto-œstrogènes et la lactation :


Avertissement : n’utilisez jamais une plante galactogène avant la fin de votre grossesse !

En plus du Houblon déjà mentionné, les plantes traditionnellement utilisée pour stimuler la lactation sont celles qui contiennent de l’anéthol. C’est la molécule aromatique qui donne le goût anisé bien connu (et parfois détesté) aux graines de fenouil, à l’anis vert ou encore à la badiane.

Foeniculum vulgare
Foeniculum vulgare

Ces plantes, en plus de leurs vertus digestives bien connues, sont très efficaces pour aider à une bonne production de lait maternel.


Citons une plante moins connue pour cet usage et qui se montre particulièrement efficace pour stimuler les montées de lait paresseuses : la graine de fenugrec (Trigonella foenum-graecum). Cette plante très puissante ayant un spectre d’action extrêmement large, demandez conseil avant de l’utiliser.


Les plantes influençant la progestérone


La progestérone joue un rôle clé dans la phase lutéale du cycle menstruel et dans le maintien de la grossesse.


C’est aussi la première hormone à diminuer à l’approche de la ménopause, entraînant divers troubles, notamment du sommeil et de l'humeur.


Certaines plantes sont reconnues pour favoriser sa production ou rééquilibrer le rapport œstrogène/progestérone :

  • Le Gattilier (Vitex agnus-castus) : En stimulant la sécrétion de l'hormone lutéinisante (LH) par l'hypophyse, il favorise indirectement la production de progestérone.

  • L’Alchémille (Alchemilla vulgaris) : agit sur la sécrétion ovarienne de progestérone et possède des propriétés anti-inflammatoires et antispasmodiques.

  • L’Achillée millefeuille (Achillea millefolium) : contient l’apigénine qui module les niveaux de progestérone. Elle agit également sur la circulation sanguine et le système digestif.

  • L’Huile d'onagre (Oenothera biennis) : est riche en acide gamma-linolénique (GLA), un acide gras qui joue un rôle dans la production de prostaglandines, impliquées dans l’équilibre hormonal, la gestion de la douleur et l’inflammation.


Quand les utiliser ? 

Comme mentionné précédemment, de nombreux troubles et maladies féminines sont liés à un déséquilibre de la balance œstro-progestative en faveur des œstrogènes – un phénomène amplifié par l’exposition aux perturbateurs endocriniens.


Les plantes qui favorise un bon taux de progestérone sont donc extrêmement utiles dans de nombreux cas de troubles féminins : cycles trop court, syndrome prémenstruel, endométriose, adénomyose, fibrome, trouble de la ménopause, etc.


Ma plante préférée pour réguler la progestérone : le Gattilier


Vitex agnus castus
Vitex agnus castus

Le Gattilier est probablement l’une de mes plantes préférées.


Son action puissante intervient au niveau de l’hypophyse, que j’aime appeler "la reine des glandes", car elle régule une grande partie de la production hormonale de l’organisme.


Grâce à son effet dopaminergique, la baie de Gattilier inhibe la production de prolactine, ce qui favorise la réduction des symptômes du syndrome prémenstruel : douleur mammaire, trouble de l’humeur, migraine prémenstruelle.


Le Gattilier est donc également très efficace pour les troubles de la ménopause et les dysfonctionnement vasomoteur liés à la baisse de progestérone.


Il contribue également à allonger la seconde phase du cycle menstruel, ce qui peut favoriser la fertilité chez les femmes ayant un cycle trop court en raison d’une insuffisance lutéale.


Je la recommande en cas d’endométriose compte tenu de son effet combiné sur le système nerveux et le système reproducteur.


Et puis son nom latin ressemble à une formule magique : « Vitex agnus castus » !


Précautions d’emploi

Son effet dopaminergique fait que son usage est déconseillé sans avis médical aux personnes souffrant de pathologies liées à la dopamine, comme :

  • Maladie de Parkinson

  • Syndrome des jambes sans repos

  • Traitement par antidépresseurs agissant sur la dopamine

  • Certaines formes de SOPK


Autres plantes pour les cycles courts, le SPM et la ménopause


L’alchémille est utile pour stimuler l’apparition des règles et réguler le cycle. Ses propriétés anti-inflammatoires, anti-oxydantes, anti-spasmodiques et décongestionnantes de la zone pelvienne en font un excellent choix pour les femmes souffrant d’endométriose ou tout simplement de règles douloureuses.


L’achillée millefeuille (ou « millefeuille »), est utilisée depuis la préhistoire. Elle possèdes des vertus anti-inflammatoires et hémostatiques qui en font une plante couramment utilisée pour réguler le cycle et réduire les troubles liés aux menstruations (douleurs, règles abondantes, diarrhées, spasmes intestinaux).


Enfin, l’huile d’onagre favorise la production de prostaglandines aux effets anti-inflammatoires et régulateurs sur le cycle hormonal. Elle favorise une meilleure action de la progestérone et contribue à réduire l’intensité des douleurs menstruelles. https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC3033240/



Conclusion

Il y aurait encore bien des choses à dire sur les plantes "hormone-like", leur mode d’action et leur usage. Cependant, cet article, loin d’être exhaustif, nous montre à quel point elles peuvent être précieuses pour accompagner les femmes tout au long de leur vie.

Qu’il s’agisse de réguler le cycle menstruel, soulager les troubles liés à la ménopause, améliorer la fertilité ou apaiser les douleurs hormonales, ces plantes offrent une approche douce, naturelle et efficace.


Toutefois, comme pour tout remède agissant sur le système hormonal, leur utilisation doit être adaptée à chaque femme, à son terrain et à ses besoins spécifiques. Un déséquilibre hormonal ne se traite pas à la légère, et il est toujours préférable de demander conseil à un professionnel compétent, qu’il s’agisse d’un herboriste, d’un naturopathe ou d’un médecin spécialisé.


Enfin, face aux perturbateurs endocriniens omniprésents et aux dérèglements hormonaux croissants, ces alliées végétales apparaissent comme une véritable ressource holistique pour retrouver un équilibre que notre mode de vie moderne a souvent tendance à perturber.




Pour en apprendre plus sur la santé féminine au naturel, n’hésitez pas à visiter le site de Jordania Lugiery : www.ta-nature.com et à vous abonner au compte Instagram

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